Communiqué
État des lieux médiatiques : Situation préoccupante des libertés et tensions sociopolitiques en toile de fond
Les atteintes à la liberté de presse, les entraves à la liberté d’expression et les dérives socio- médiatiques, surtout dans les réseaux sociaux, constatés ces derniers temps interpellent l’ONG ILONTSERA dans son rôle d’Observatoire des médias et de la communication. Des faits illustrent particulièrement cette préoccupation dont l’affaire d’empoisonnement d’Ambohimalaza, les cas d’intoxications alimentaires dans plusieurs zones (Ambositra, Toamasina, Mahajanga, Antananarivo Avaradrano, Faratsiho, Toliara), la crise sanitaire à Ikongo et récemment l’affaire des cinq Boeings destinés à l’Iran. Dans l’ensemble, une récupération politique à coups de désinformation, de manipulation de l’information et de sensationnalisme prime au détriment de la manifestation de la vérité, de la transparence, de la présomption d’innocence, du droit à l’information et de la liberté d’opinion des citoyens, autant de valeurs démocratiques inscrites dans notre Constitution.
Des journalistes, au lieu de jouer leur rôle de médiateur, d’informateur, d’investigateur dans ces moment-là sont réduits à l’état de communicants car victimes de diverses menaces et pressions, d’intimidation et de violences. Depuis le début de l’année, le système de monitoring d’ILONTSERA à recensé une dizaine de cas d’atteinte à la liberté de presse et aux droits des journalistes dont des faits caractérisés d’agression physique et psychologique, des intimidations et des poursuites judiciaires de la part d’autorités locales, des accès inéquitables à l’information, des menaces de mort, des cas de destruction de matériels, d’effacement de contenus et de harcèlements sexuels. Autant d’agressions qui obligent les journalistes à l’autocensure en plus des obligations éditoriales exigées par les rédactions. Une situation qui se polarise et se politise au fur et à mesure de la montée des tensions sociopolitiques.
La question de la régulation est plus que jamais dans l’actualité avec l’impérieuse nécessité d’installer définitivement l’Autorité Nationale de Régulation de la Communication Médiatisée (ANRCM), tout comme la loi sur l’accès à l’information à caractère public (LAICP) qui garantissent l’accès équitable des citoyens à des informations avérées, pertinentes et fiables. Mais surtout, appel est fait aux usagers des réseaux sociaux, aux médias et aux journalistes pour une meilleure prise de responsabilité en évitant les propos haineux et diffamatoires, la désinformation et la manipulation de l’opinion, dans le respect de l’éthique, de la déontologie, de la moralité et des droits humains. La propagation rapide des fake news sur les réseaux sociaux, bien que ces plateformes soient un outil puissant pour la diffusion de l’information, exacerbe les divisions et fragilise la cohésion sociale.
Nous réitérons la nécessité de promouvoir l’éducation aux médias et à l’information auprès de la population afin de développer un esprit plus critique et vigilant face aux contenus diffusés. Il est urgent de renforcer les compétences des journalistes et acteurs des médias aux bonnes pratiques professionnelles et à l’utilisation responsable des réseaux sociaux et de l’Intelligence Artificielle (IA). Cela permettra d’améliorer la qualité de l’information diffusée et de lutter efficacement contre la désinformation. De même, la société civile doit être activement impliquée dans le suivi et la défense des libertés médiatiques afin de garantir une presse libre et indépendante, pilier essentiel à toute démocratie. Enfin, encourageons les journalistes qui essaient de faire leur travail comme il se doit malgré le contexte difficile, et les instances gouvernantes à mettre en place un cadre de régulation plus favorable à la liberté d’expression à Madagascar, au vrai débat démocratique, au dialogue politique et à la paix sociale.
Antananarivo, le 08 août 2025
ILONTSERA
Ivompandalinana ny tontolon’ny serasera marolafika eto Madagasikara
Observatoire des Médias et de la Communication à Madagascar
Media Matters Madagascar