Où allons-nous ? Le silence face à l’injustice est synonyme de complicité !

La société civile malagasy, dans son rôle d’interpellation, de balise et de force de proposition ne peut se taire face à la gravité de la situation actuelle, vis-à-vis de ce contexte pré-électoral délétère surtout face à la violation des lois en vigueur et de la constitution.

1)     Les Organisations de la société civile signataires de ce communiqué sont convaincues que pour l’intérêt supérieur et la souveraineté de notre nation et des Malagasy, la présidence de la République ne peut pas être confiée à des personnes de nationalité étrangère. Le fait que le Président ait demandé et accepté d’acquérir la nationalité française est une erreur politique et historique et va totalement à l’encontre de l’éthique d’un mandat présidentiel à Madagascar. Si Monsieur Andry Nirina Rajoelina par amour de sa patrie et par éthique veut encore assurer cette lourde et noble responsabilité, il doit renoncer à sa nationalité française de manière expresse.   

2)     La Constitution confie au Président du Sénat, c’est-à-dire un élu national, la responsabilité de devenir Chef d’Etat par intérim lorsque le Président de la République démissionne ou est dans l’incapacité d’exercer ses fonctions. Cette disposition est d’une importance capitale. Le fait de l’outre passer et de donner cette noble et grande responsabilité à un Gouvernement collégial, c’est-dire des personnes nommées et non des élus, est illégal et est une insulte vis-à-vis des Malagasy, sauf s’il n’y a plus aucune personne élue capable de tenir cette fonction intérimaire au niveau du Sénat. Puisque le Président du Sénat s’est désisté de son obligation d’assurer la fonction de Chef d’Etat par intérim, faisant ainsi lui-même aveu d’incapacité, il doit aussi immédiatement démissionner de sa fonction de Président du Sénat.

3)     En outre, si notre Constitution impose au Président en exercice qui se porte candidat de démissionner 60 jours avant le jour du scrutin, c’est pour lui ôter tout pouvoir de donner des ordres et instructions au Gouvernement qui assure le fonctionnement de l’Administration.  En utilisant son pouvoir, les biens et les infrastructures de l’Etat, un Gouvernement placé sous son contrôle implicite risque de biaiser les résultats des élections. Par conséquent, si nous voulons que les élections se déroulent dans un climat apaisé, que les résultats ne soient pas contestés et que le Président qui en sortira vainqueur puisse gouverner dans la quiétude, il est impératif de respecter cet esprit et principe défendu par notre Constitution. 

4)     Il est impératif de cesser toute entrave aux libertés fondamentales d’expression, de manifestation et de réunion. Ceux qui le désirent doivent être libres de se réunir dans des lieux dédiés, clos ou en plein air, car les Malagasy ont besoin de tribunes de concertation et d’échanges pour faire un choix raisonné et éclairé basé sur les programmes proposés par les candidats respectifs. Il appartient aux organisateurs de ces meetings et aux forces de l’ordre de s’assurer qu’il n’y ait pas de bavures.

De ce fait, nous, organisations de la société civile, lançons un appel à tous les acteurs de la nation pour que, chacun à notre niveau, nous prenons nos responsabilités pour sauvegarder les intérêts supérieurs de la nation et défendre sa souveraineté, et pour prévenir et éviter le danger qui nous guette, à savoir une crise électorale et son lot de violences.

  • Aux partis politiques et politiciens, de l’opposition ou du régime : c’est le moment de démontrer et préserver votre intégrité pour l’intérêt de notre Nation. Mobiliser et éduquer en même temps les citoyens et la population Malagasy qui vous suivent sur ce concept pour le bien du pays.  
  • Aux responsables des entités religieuses, notamment les Ray aman-dreny dirigeants du FFKM : vos efforts récents pour mener les dialogues et concertations aux niveaux régional et national sont plus que louables et apportent des lueurs d’espoir pour les Malagasy et nous vous encourageons à les continuer et même les renforcer ;  
  • Aux forces de l’ordre (Armée, gendarmerie et police nationales), généraux, officiers, sous-officiers ou simples soldats : vous devriez interroger votre conscience si c’est toujours la protection de la patrie et de la souveraineté nationale qui dicte vos actions. Prenez vos responsabilités afin d’endiguer les crises et confrontations intestines pour la patrie, les peuples Malagasy y compris vos familles et vos générations ;  
  • A la population et aux citoyens Malagasy de toutes les régions de la grande Île : Soyons courageux et prenons nos responsabilités face au danger imminent. Nous avons besoin des élections et d’un Président de la République digne de ce nom, élu d’une manière juste et transparente mais pas suite à des manœuvres inconstitutionnelles ou résultant de diverses pressions ;
  • Aux partenaires étrangers et communautés internationales : la nation et la population Malagasy a besoin de votre assistance mais aussi de votre intégrité en cette période cruciale. Votre assistance devrait être déclenchée seulement si les conditions convenues sont respectées par les décisions et les actions du gouvernement et des autorités, car la situation actuelle ne semble pas le traduire, ne serait-ce que l’entrave à la liberté d’expression et de réunion publique ;
  • Aux institutions, structures et responsables directs de l’organisation des élections : Les Malagasy vous tiennent à l’œil et sont attentifs à vos interventions. Vous serez tenus responsables par la majorité des Malagasy qui vont devoir vivre dans la misère à la suite de crises engendrées par vos prises de responsabilités ou de décisions injustes ou corrompues. Soyez vigilants, préserver votre intégrité.

La société civile est prête à prendre ses responsabilités, dialoguer ou collaborer avec tous les acteurs surtout les candidats officiels aux présidentiels afin d’identifier des solutions inclusives pour l’intérêt supérieur de la Nation.

Madagascar aux Malagasy, les Malagasy pour Madagascar ! Nous aspirons à des leaders dévoués et vertueux pour apporter des changements positifs durables pour notre pays.

Antananarivo, 14 Septembre 2023

Organisations Signataires :

  1. Alliance Voahary Gasy (AVG)
  2. Association MMST
  3. Association CEDII
  4. CODE Menabe
  5. Collectif des Citoyens et des ORganisations Citoyennes (CCOC)
  6. Conseil National des Femmes de Madagascar (CNFM)
  7. CRO Vakinankaratra
  8. Dinika sy Rindran’ny Vehivavy (DRV)
  9. Fikambanan’ny Vehivavy Tantsaha Mpamokatra (FVTM)
  10. Fikambananan’ny Tanora Mandala ny Fahamarinana (FTMF) 
  11. FITEA
  12. FIVE Menabe
  13. Gny to Tsy mba Zaigny (GTZ)
  14. Ilontsera
  15. Liberty 32
  16. Mouvement pour l’Education pour tous (MonEPT) 
  17. MSIS-tatao 
  18. Observatoire de la Jeunesse (OJ)
  19. ONG AIM
  20. ONG Fiantso
  21. ONG HITSY
  22. ONG Ivorary
  23. ONG Lalana
  24. ONG Ravintsara
  25. ONG SAHA
  26. Plateforme des Fédérations des Personnes Handicapées (PFPH/Mad)
  27. Plateforme Nationale des Organisations de la Société Civile de Madagascar (PFNOSCM/Vohifiraisana)
  28. Réseau des Handicaps de Madagascar (RHM)
  29. Réseau des jeunes défenseurs des droits humains Anôsy
  30. SAF/FJKM
  31. SAFIDY (Sampana Anaraha-Maso ny Fifidianana, Ivon’ny Demokrasia IFarimbonana)
  32. Sehatra Iombonanan’ny Fananantany (SIF)
  33. Sinibe-kevitra tsirika sava savorivory
  34. Tambazotran’ny fokonolona miaro ny harena voajanahary (Tafo Mihaavo)
  35. TAMIMPIRAMPI
  36. Transparency International-Initiative Madagascar
  37. TVMA Anôsy
  38. Vehivavy VARA Betroka Anôsy
  39. VEMA
  40. Plateforme des Organisations de la Société Civile dans les 23 régions
  41. Mouvement ROHY